Généalogie de la famille Portalis

Cardinal-d-Astros-(1772-1851).jpg

Paul Thérèse David d'ASTROSÂge : 78 ans17721851

Nom
Paul Thérèse David d'ASTROS
Prénom(s)
Paul Thérèse David
Nom de famille
d'ASTROS
Naissance 16 octobre 1772 40 24
Détails de la citation : BMS de Tourves, registre 7 E 149/6
Décès d’un frèreJean Etienne Balthazar Emmanuel d'ASTROS
10 septembre 1774 (Âge 22 mois)
Naissance d’une sœurMarie Françoise d'ASTROS
8 septembre 1775 (Âge 2 ans)
Décès d’une sœurMarie Madeleine Claire d'ASTROS
13 février 1776 (Âge 3 ans)
Naissance d’une sœurDelphine Thérèse d'ASTROS
14 octobre 1777 (Âge 4 ans)
Décès du grand-père paternelBalthazar Joseph d'ASTROS
16 avril 1780 (Âge 7 ans)
Naissance d’un frèreJoseph Jacques Léon d'ASTROS
16 novembre 1780 (Âge 8 ans)
Décès de la grand-mère maternelleMarie-Madeleine DAVID
après 7 septembre 1784 (Âge 11 ans)

Décès du pèreJean François Louis « Francois » d'ASTROS
6 octobre 1789 (Âge 16 ans)
Détails de la citation : BMS de Tourves, registre 7E 149/6
Décès de la mèreMarie Madeleine Angélique PORTALIS
4 août 1792 (Âge 19 ans)
Détails de la citation : BMS Aix en Provence, registre en ligne
Décès d’une sœurMarie Françoise d'ASTROS
22 janvier 1822 (Âge 49 ans)
Décès d’une sœurDelphine Thérèse d'ASTROS
27 juillet 1830 (Âge 57 ans)
Profession
Cardinal, Archeveque de Toulouse

Note :
Neveu de Jean Etienne Portalis, dont il fut le directeur de cabinet de 1802 à 1804, rédacteur du catéchisme impérial, il dut à cette parenté l'une des places de vicaire général crées lors de la réorganisation de l'église de Paris, après le Concordat. En 1809, il reçut en tant que vicaire capitulaire la bulle d'excommunication. ( PIE VII , ses états envahis, exilé par Napoléon à Savone, refusa l'investiture canonique aux évêques nommés par Napoléon aux évêchés vacants, comme le Concordat lui en donnait le droit. Napoléon leur substitua par expédient des "vicaires capitulaires", désignés par le chapitre ) Accusé de l'avoir divulguée, il manqua d'être fusillé et fut incarcéré à Vincennes jusqu'à la Restauration (voir note suivante). Aumônier de la duchesse de Condé (1815), nommé évêque de Bayonne, puis archevêque de Toulouse en mars 1830, il fut nommé cardinal en 1850.
Note :
Voici le récit de son arrestation par l'abbé d'Astros: « Mon arrestation eut lieu le 1er janvier 1811. Le Chapitre comme tous les corps de l'Etat devait aller faire sa visite à celui qui s'était emparé du gouvernement. Le cardinal Maury nommé à l'archevêché de Paris offrit de nous conduire, nous les Grands vicaires, dans son carrosse. Il avait dit la veille que la volonté de Bonaparte était que le Chapitre se présentât en habit de choeur. C'était du nouveau. Nous arrivons donc aux Tuileries et nous attendons dans une salle que Bonaparte après avoir passé devant les généraux, les corps d'officiers, le Sénat, etc., etc., vienne jusqu à nous. Mr le Cardinal lui présente le Chapitre. Bonaparte n'adressa pas la parole au Chapitre comme le prétendent certains historiens; mais, interpellant brusquement le Cardinal: « Où sont vos Grands vicaires? » - Voilà mon frère. Voilà M. Jalabert. - J'avoue que je m'étais tenu un peu à l'écart. Je ne voulus pas cependant me faire chercher et je me présentai. Voilà M. d'Astros dit alors le Cardinal: et Bonaparte d'un ton solennel et d'un air irrité me dit ces paroles: « Vous êtes l'homme de mon empire qui m'êtes le plus suspect. Il faut être français avant tout. Il faut soutenir les libertés de l'Eglise gallicane. Il y a autant de distance de la religion de Bossuet à celle de Grégoire VII que du ciel à l'enfer. Du reste (mettant main à la garde de son épée) j'ai l'épée au côté; prenez garde à vous. » Rien ne me parut plus pitoyable que ces paroles et cette menace d'un empereur qui dominait alors sur toute l'Europe contre un pauvre prêtre en rochet et camail, armé seulement de son carré. Je ne répondis rien, quoi qu'en disent historiens, et me contentai seulement de le regarder sans affectation. Qu'est il devenu!! » Après cette scène Napoléon passa dans son cabinet et fit appeler Savary qui était présent. Il lui dit ses griefs contre l'abbé d'Astros, et lui ordonna de l'arrêter. Le Ministre de la police répugnait à faire mettre main sur un prêtre en habit de choeur. Il témoigna son embarras au cardinal Maury. Celui-ci n'eut pas les scrupules qu'avait l'ancien Inspecteur de la gendarmerie, et proposa de lui mener le prévenu dans sa voiture. Tout cela eut lieu dans si peu de temps qu'au milieu de l'émotion et des chuchotements causés par ce qui venait de se passer l'abbé d'Astros ne dut pas s'en apercevoir. Aussi son récit continue sans en faire mention: « Après que Bonaparte fut passé le cardinal Maury me dit que le Ministre de la police désirait me faire quelques questions; que si je voulais nous passerions chez lui après nos visites. Il ajouta que je n'avais rien à craindre que je n'avais qu'à protester de mon attachement aux libertés de l'Eglise gallicane. Je lui dis que j'y passerais. Après cette scène, il fallut aller, à la suite des corps de l'Etat, chez l'impératrice Marie Louise. En chemin nous rencontrâmes au milieu de grand nombre d'autres personnes le conseiller d'état Réal, républicain de coeur asservi par intérêt. Réal avait de l'esprit et de la gaieté. J'avais eu plusieurs fois occasion de le voir chez M. Portalis. Il me fit en passant et d'un air de gaieté une inclination profonde. Voilà me dis-je en moi même un homme qui sûrement ignore ce qui vient de m'arriver. Après notre visite à Marie Louise, le Cardinal nous reconduisit dans son carrosse qu'il fit arriver à la porte du ministère de la police générale. Il descend seul avec moi; nous entrons chez le Ministre. N'avez vous pas, me dit Savary, des correspondances avec le Pape à Savone? - Chargé comme Grand vicaire de ce qui regarde les dispenses de mariage, je corresponds, lui dis je pour cet objet avec Sa Sainteté.- Ce n'est pas cela; ne correspondez vous pas sur les affaires du jour? - Je n'avais écrit au Souverain Pontife qu'une fois et n'avais pas reçu de réponse, je crus pouvoir répondre négativement. Mais vous avez vu un bref du Pape au cardinal Maury? - Oui je l'ai vu - Qui vous l'a montré? - Je ne peux pas le dire. - Oh! pour terminer voilà monsieur l'Archevêque, donnez entre ses mains votre démission et tout est fini.- Je ne le peux pas. - Votre refus prouve que vous voulez être chef de parti: donnez votre démission ou vous êtes mon prisonnier. - Je serai votre prisonnier. - Vous voudriez être martyr, vous ne le serez pas. Je rapporte ce dernier propos parce qu'il est à remarquer qu'on l'a tenu à bien d'autres qu'à moi. ../.. Après que Savary m'eut interrogé, on me laissa seul jusqu à la nuit. Réal vint ensuite et on me fit monter dans son carrosse pour me conduire chez moi et y faire la visite de mes papiers. Avant d'y procéder, il me pressa encore beaucoup de donner ma démission, ce que je ne pouvais faire sans manquer à mon devoir. Il n'est pas vrai, comme on l'a dit, que l'on saisit sur moi le bref du Pape au cardinal Maury. Réal me ramena au ministère emportant trois cartons de papiers qu'il avait choisis. Plus tard il me fait amener chez lui, rue de Verneuil, me dit qu'il faut attendre le résultat du rapport qui va être fait à l'Empereur, et il vient enfin m'apprendre le résultat. L'Empereur, me dit-il, ne se met plus en peine de votre démission. Mais il veut absolument savoir qui vous a fait venir le bref du Pape au cardinal Maury, et si vous ne le dites pas vous ne reverrez plus votre famille. Il ajouta plus bas, ni peut être même la lumière. .../... Dans les divers interrogatoires qu'on me fit subir on insista surtout pour savoir qui m'avait remis le bref. Comment, leur dis-je, pouvez vous tant insister là dessus? Ce n'était qu'une simple copie qui n'était pas authentique. Pour cette même raison j'ai dit à la personne qu'il n'était pas à propos de le répandre dans le public. Moi même je ne l'ai montré qu'à deux ou trois amis intimes comme objet de curiosité. On me demanda alors quelles étaient les personnes à qui je l'avais montré et je refusai de le dire. ../.. Un jour Savary arrive et me dit: Nous n'avons plus besoin maintenant que vous nous disiez à qui vous avez montré le bref, vous l'avez montré à votre cousin car il me l'a dit. Je pouvais bien croire que mon cousin l'eût dit de son propre mouvement. Cette déclaration ne pouvait me nuire, elle devait même diminuer aux yeux de la police ce qu'ils appelaient ma culpabilité En effet je le crus - Puisqu'il vous l'a dit je ne le nierai pas. - Le deuxième à qui vous avez montré le bref reprend le Ministre, c'est l'abbé de la Calprade.- A ces mots je tombai des nues. Je ne pouvais le nier. Il m'était impossible de comprendre comment Savary pouvait le savoir. Mais enfin il le savait, puisqu'il me nommait sans hésiter deux des trois personnes à qui j'avais communiqué la pièce. J'avouai donc la chose. Quelle est, reprend le Ministre la troisième personne à qui vous avez montré le bref ? Certes lui dis-je vous ne pouvez pas lui en faire un crime Quand je l ai montré à mon cousin, l'abbé Guairard qui est son secrétaire était présent, et il en a eu connaissance. Telle fut exactement ma réponse. On peut y voir comme dans ce qui précède les motifs qui me rendirent trop facile à nommer des personnes qui me sont chères et qui se trouvèrent compromises. L'abbé P. et d'autres qui furent arrêtés dans cette occasion eurent bien plus de fermeté et de présence d'esprit. Je n'ai appris que bien tard et avec étonnement les suites funestes de mes aveux, et dans ce moment même le récit que j en fais, en me reportant a l'époque de l'événement, me fait éprouver une vive douleur . Je soupirais cependant après la fin de ces interrogatoires. J'en fus délivré le 4 janvier où un agent de police me fit monter dans un fiacre et me conduisit à Vincennes. » La suite en fut l'exil de Joseph Marie Portalis: Le 5 janvier 1811 il y avait assemblée générale du Conseil d'Etat. Napoléon s'y trouva en face du fils de son ancien Ministre pour la première fois depuis les révélations de l'abbé d'Astros. A son aspect, malgré la solennité de l'assistance, l'Empereur éclata comme la foudre et se livra contre le jeune conseiller à une de ces violences sans dignité qui faisaient dire a M. de Talleyrand: « Quel dommage qu'un si grand homme soit si mal élevé ». Accusé de trahison pour n'avoir pas dénoncé son pacifique cousin, M. Portalis fut séance tenant destitué de tous ses emplois, proscrit avec défense d'approcher de Paris à la distance de quarante lieues et placé sous la surveillance de la police administrative dans la ville qu'il choisirait pour sa résidence. A peine eut-il la liberté de faire observer qu'il avait agi en conscience et que sa conduite n'impliquait ni aucune complicité ni aucune faiblesse. L'Empereur inexorable ne voulut rien entendre et il chassa le digne fils d'un homme qui lui avait été si utile comme un serviteur infidèle pris en flagrant délit. Quand celui ci fut sorti de la salle plusieurs membres du Conseil, entre autres le comte Régnault de Saint Jean d'Angely à qui ses nombreux services donnaient de l'influence ainsi que le baron Pasquier, préfet de police à qui ses fonctions auraient dû en donner, prirent généreusement sa défense. Napoléon s'était avancé devant trop de témoins pour reculer. Toute observation fut donc inutile et bientôt refoulée. Dans quelques heures ses terribles arrêts étaient signifiés à M. Portalis et la nuit suivante celui ci partait avec sa famille en pleurs, encore plus malheureux de l'injustice que de la disgrâce de son maître pour un exil qui devait durer trois ans! D'après : VIE DU DU CARDINAL D'ASTROS ARCHEVÊQUE DE TOULOUSE Suivie de pièces justificatives et de documents inédits PAR LE R.P. CAUSSETTE PARIS, AUGUSTE VATON LIBRAIRE ÉDITEUR RUE DU BAC 50 1853
Décès 29 septembre 1851 (Âge 78 ans)
Détails de la citation : BMS Toulouse, côte 1E375
Famille avec les parents - Afficher cette famille
père
mère
Mariage : 1 mai 1764, Tourves, 83170, Var, FRANCE
10 mois
sœur plus âgée
Marie Madeleine Claire d'ASTROS
Naissance : 24 février 1765 33 16, Tourves, 83170, Var, FRANCE
Décès : 13 février 1776, Tourves, 83170, Var, FRANCE
17 mois
sœur plus âgée
22 mois
frère plus âgé
Jean Etienne Balthazar Emmanuel d'ASTROS
Naissance : 2 juin 1768 36 20, Tourves, 83170, Var, FRANCE
Décès : 10 septembre 1774, Tourves, 83170, Var, FRANCE
1 an
frère plus âgé
16 mois
frère plus âgé
Louis Maurice Marie d'ASTROS
Naissance : 19 septembre 1770 38 22, Tourves, 83170, Var, FRANCE
Décès : 9 septembre 1772, Tourves, 83170, Var, FRANCE
2 ans
lui
Cardinal-d-Astros-(1772-1851).jpgPaul Thérèse David d'ASTROS
Naissance : 16 octobre 1772 40 24, Tourves, 83170, Var, FRANCE
Décès : 29 septembre 1851, Toulouse, 31000, Haute-Garonne, FRANCE
3 ans
sœur plus jeune
Marie Françoise d'ASTROS
Naissance : 8 septembre 1775 43 27, Tourves, 83170, Var, FRANCE
Décès : 22 janvier 1822, Toulouse, 31000, Haute-Garonne, FRANCE
2 ans
sœur plus jeune
Delphine Thérèse d'ASTROS
Naissance : 14 octobre 1777 45 29, Tourves, 83170, Var, FRANCE
Décès : 27 juillet 1830, Tourves, 83170, Var, FRANCE
3 ans
frère plus jeune

NaissanceAD83 - Acte de naissance de Paul Thérèse David d'Astros - 1772
Détails de la citation : BMS de Tourves, registre 7 E 149/6
DécèsAD31 - Acte de décès de David D'astros - 1851
Détails de la citation : BMS Toulouse, côte 1E375
Profession
Neveu de Jean Etienne Portalis, dont il fut le directeur de cabinet de 1802 à 1804, rédacteur du catéchisme impérial, il dut à cette parenté l'une des places de vicaire général crées lors de la réorganisation de l'église de Paris, après le Concordat. En 1809, il reçut en tant que vicaire capitulaire la bulle d'excommunication. ( PIE VII , ses états envahis, exilé par Napoléon à Savone, refusa l'investiture canonique aux évêques nommés par Napoléon aux évêchés vacants, comme le Concordat lui en donnait le droit. Napoléon leur substitua par expédient des "vicaires capitulaires", désignés par le chapitre ) Accusé de l'avoir divulguée, il manqua d'être fusillé et fut incarcéré à Vincennes jusqu'à la Restauration (voir note suivante). Aumônier de la duchesse de Condé (1815), nommé évêque de Bayonne, puis archevêque de Toulouse en mars 1830, il fut nommé cardinal en 1850.
Profession
Voici le récit de son arrestation par l'abbé d'Astros: « Mon arrestation eut lieu le 1er janvier 1811. Le Chapitre comme tous les corps de l'Etat devait aller faire sa visite à celui qui s'était emparé du gouvernement. Le cardinal Maury nommé à l'archevêché de Paris offrit de nous conduire, nous les Grands vicaires, dans son carrosse. Il avait dit la veille que la volonté de Bonaparte était que le Chapitre se présentât en habit de choeur. C'était du nouveau. Nous arrivons donc aux Tuileries et nous attendons dans une salle que Bonaparte après avoir passé devant les généraux, les corps d'officiers, le Sénat, etc., etc., vienne jusqu à nous. Mr le Cardinal lui présente le Chapitre. Bonaparte n'adressa pas la parole au Chapitre comme le prétendent certains historiens; mais, interpellant brusquement le Cardinal: « Où sont vos Grands vicaires? » - Voilà mon frère. Voilà M. Jalabert. - J'avoue que je m'étais tenu un peu à l'écart. Je ne voulus pas cependant me faire chercher et je me présentai. Voilà M. d'Astros dit alors le Cardinal: et Bonaparte d'un ton solennel et d'un air irrité me dit ces paroles: « Vous êtes l'homme de mon empire qui m'êtes le plus suspect. Il faut être français avant tout. Il faut soutenir les libertés de l'Eglise gallicane. Il y a autant de distance de la religion de Bossuet à celle de Grégoire VII que du ciel à l'enfer. Du reste (mettant main à la garde de son épée) j'ai l'épée au côté; prenez garde à vous. » Rien ne me parut plus pitoyable que ces paroles et cette menace d'un empereur qui dominait alors sur toute l'Europe contre un pauvre prêtre en rochet et camail, armé seulement de son carré. Je ne répondis rien, quoi qu'en disent historiens, et me contentai seulement de le regarder sans affectation. Qu'est il devenu!! » Après cette scène Napoléon passa dans son cabinet et fit appeler Savary qui était présent. Il lui dit ses griefs contre l'abbé d'Astros, et lui ordonna de l'arrêter. Le Ministre de la police répugnait à faire mettre main sur un prêtre en habit de choeur. Il témoigna son embarras au cardinal Maury. Celui-ci n'eut pas les scrupules qu'avait l'ancien Inspecteur de la gendarmerie, et proposa de lui mener le prévenu dans sa voiture. Tout cela eut lieu dans si peu de temps qu'au milieu de l'émotion et des chuchotements causés par ce qui venait de se passer l'abbé d'Astros ne dut pas s'en apercevoir. Aussi son récit continue sans en faire mention: « Après que Bonaparte fut passé le cardinal Maury me dit que le Ministre de la police désirait me faire quelques questions; que si je voulais nous passerions chez lui après nos visites. Il ajouta que je n'avais rien à craindre que je n'avais qu'à protester de mon attachement aux libertés de l'Eglise gallicane. Je lui dis que j'y passerais. Après cette scène, il fallut aller, à la suite des corps de l'Etat, chez l'impératrice Marie Louise. En chemin nous rencontrâmes au milieu de grand nombre d'autres personnes le conseiller d'état Réal, républicain de coeur asservi par intérêt. Réal avait de l'esprit et de la gaieté. J'avais eu plusieurs fois occasion de le voir chez M. Portalis. Il me fit en passant et d'un air de gaieté une inclination profonde. Voilà me dis-je en moi même un homme qui sûrement ignore ce qui vient de m'arriver. Après notre visite à Marie Louise, le Cardinal nous reconduisit dans son carrosse qu'il fit arriver à la porte du ministère de la police générale. Il descend seul avec moi; nous entrons chez le Ministre. N'avez vous pas, me dit Savary, des correspondances avec le Pape à Savone? - Chargé comme Grand vicaire de ce qui regarde les dispenses de mariage, je corresponds, lui dis je pour cet objet avec Sa Sainteté.- Ce n'est pas cela; ne correspondez vous pas sur les affaires du jour? - Je n'avais écrit au Souverain Pontife qu'une fois et n'avais pas reçu de réponse, je crus pouvoir répondre négativement. Mais vous avez vu un bref du Pape au cardinal Maury? - Oui je l'ai vu - Qui vous l'a montré? - Je ne peux pas le dire. - Oh! pour terminer voilà monsieur l'Archevêque, donnez entre ses mains votre démission et tout est fini.- Je ne le peux pas. - Votre refus prouve que vous voulez être chef de parti: donnez votre démission ou vous êtes mon prisonnier. - Je serai votre prisonnier. - Vous voudriez être martyr, vous ne le serez pas. Je rapporte ce dernier propos parce qu'il est à remarquer qu'on l'a tenu à bien d'autres qu'à moi. ../.. Après que Savary m'eut interrogé, on me laissa seul jusqu à la nuit. Réal vint ensuite et on me fit monter dans son carrosse pour me conduire chez moi et y faire la visite de mes papiers. Avant d'y procéder, il me pressa encore beaucoup de donner ma démission, ce que je ne pouvais faire sans manquer à mon devoir. Il n'est pas vrai, comme on l'a dit, que l'on saisit sur moi le bref du Pape au cardinal Maury. Réal me ramena au ministère emportant trois cartons de papiers qu'il avait choisis. Plus tard il me fait amener chez lui, rue de Verneuil, me dit qu'il faut attendre le résultat du rapport qui va être fait à l'Empereur, et il vient enfin m'apprendre le résultat. L'Empereur, me dit-il, ne se met plus en peine de votre démission. Mais il veut absolument savoir qui vous a fait venir le bref du Pape au cardinal Maury, et si vous ne le dites pas vous ne reverrez plus votre famille. Il ajouta plus bas, ni peut être même la lumière. .../... Dans les divers interrogatoires qu'on me fit subir on insista surtout pour savoir qui m'avait remis le bref. Comment, leur dis-je, pouvez vous tant insister là dessus? Ce n'était qu'une simple copie qui n'était pas authentique. Pour cette même raison j'ai dit à la personne qu'il n'était pas à propos de le répandre dans le public. Moi même je ne l'ai montré qu'à deux ou trois amis intimes comme objet de curiosité. On me demanda alors quelles étaient les personnes à qui je l'avais montré et je refusai de le dire. ../.. Un jour Savary arrive et me dit: Nous n'avons plus besoin maintenant que vous nous disiez à qui vous avez montré le bref, vous l'avez montré à votre cousin car il me l'a dit. Je pouvais bien croire que mon cousin l'eût dit de son propre mouvement. Cette déclaration ne pouvait me nuire, elle devait même diminuer aux yeux de la police ce qu'ils appelaient ma culpabilité En effet je le crus - Puisqu'il vous l'a dit je ne le nierai pas. - Le deuxième à qui vous avez montré le bref reprend le Ministre, c'est l'abbé de la Calprade.- A ces mots je tombai des nues. Je ne pouvais le nier. Il m'était impossible de comprendre comment Savary pouvait le savoir. Mais enfin il le savait, puisqu'il me nommait sans hésiter deux des trois personnes à qui j'avais communiqué la pièce. J'avouai donc la chose. Quelle est, reprend le Ministre la troisième personne à qui vous avez montré le bref ? Certes lui dis-je vous ne pouvez pas lui en faire un crime Quand je l ai montré à mon cousin, l'abbé Guairard qui est son secrétaire était présent, et il en a eu connaissance. Telle fut exactement ma réponse. On peut y voir comme dans ce qui précède les motifs qui me rendirent trop facile à nommer des personnes qui me sont chères et qui se trouvèrent compromises. L'abbé P. et d'autres qui furent arrêtés dans cette occasion eurent bien plus de fermeté et de présence d'esprit. Je n'ai appris que bien tard et avec étonnement les suites funestes de mes aveux, et dans ce moment même le récit que j en fais, en me reportant a l'époque de l'événement, me fait éprouver une vive douleur . Je soupirais cependant après la fin de ces interrogatoires. J'en fus délivré le 4 janvier où un agent de police me fit monter dans un fiacre et me conduisit à Vincennes. » La suite en fut l'exil de Joseph Marie Portalis: Le 5 janvier 1811 il y avait assemblée générale du Conseil d'Etat. Napoléon s'y trouva en face du fils de son ancien Ministre pour la première fois depuis les révélations de l'abbé d'Astros. A son aspect, malgré la solennité de l'assistance, l'Empereur éclata comme la foudre et se livra contre le jeune conseiller à une de ces violences sans dignité qui faisaient dire a M. de Talleyrand: « Quel dommage qu'un si grand homme soit si mal élevé ». Accusé de trahison pour n'avoir pas dénoncé son pacifique cousin, M. Portalis fut séance tenant destitué de tous ses emplois, proscrit avec défense d'approcher de Paris à la distance de quarante lieues et placé sous la surveillance de la police administrative dans la ville qu'il choisirait pour sa résidence. A peine eut-il la liberté de faire observer qu'il avait agi en conscience et que sa conduite n'impliquait ni aucune complicité ni aucune faiblesse. L'Empereur inexorable ne voulut rien entendre et il chassa le digne fils d'un homme qui lui avait été si utile comme un serviteur infidèle pris en flagrant délit. Quand celui ci fut sorti de la salle plusieurs membres du Conseil, entre autres le comte Régnault de Saint Jean d'Angely à qui ses nombreux services donnaient de l'influence ainsi que le baron Pasquier, préfet de police à qui ses fonctions auraient dû en donner, prirent généreusement sa défense. Napoléon s'était avancé devant trop de témoins pour reculer. Toute observation fut donc inutile et bientôt refoulée. Dans quelques heures ses terribles arrêts étaient signifiés à M. Portalis et la nuit suivante celui ci partait avec sa famille en pleurs, encore plus malheureux de l'injustice que de la disgrâce de son maître pour un exil qui devait durer trois ans! D'après : VIE DU DU CARDINAL D'ASTROS ARCHEVÊQUE DE TOULOUSE Suivie de pièces justificatives et de documents inédits PAR LE R.P. CAUSSETTE PARIS, AUGUSTE VATON LIBRAIRE ÉDITEUR RUE DU BAC 50 1853
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